Charge élevée vs légère dans le renforcement des épaules hypermobiles

7 mins de lecture. Posté dans Épaule
Un article de Physio Network info

Dans cet article, les auteurs ont cherché à déterminer si l’utilisation de charges élevées dans les programmes dédiés aux patients présentant des épaules hypermobiles pouvait présenter un avantage supplémentaire par rapport à l’utilisation de charges faibles.

Ce que vous vous apprêtez à lire est un court extrait de l’une des analyses de notre revue Physio Network. Des spécialistes y décortiquent et analysent pour vous la recherche la plus récente et la plus pertinente dans le but d’améliorer la pratique de la kinésithérapie.

Ce que vous allez lire ci-dessous est un extrait de notre analyse.

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Revenons à l’étude !

TITRE DE L’ETUDE : Liaghat B, et al. (2022) Short-term effectiveness of high-load compared with low-load strengthening exercise on self-reported function in patients with hypermobile shoulders: A randomised controlled trial. British Journal of Sports Medicine. Published Online First.

Étude analysée par Travis Pollen dans le numéro de septembre 2022 de notre revue Physio Network

 

Points clés

  1. Il n’y a pas de traitement de référence pour les troubles du spectre de l’hypermobilité et les symptômes persistants de l’épaule.
  2. Parmi les 67 participants qui ont adhéré aux interventions (participation ≥ 67 %), le groupe à charges élevées a présenté une amélioration supérieure de 12 % de la fonction de l’épaule par rapport au groupe à faibles charges, une différence statistiquement et cliniquement significative.

 

Contexte et objectif

De nombreux cliniciens optent par défaut pour les exercices à faibles charges parce qu’ils pensent qu’ils sont plus sûrs.

Cet essai contrôlé randomisé a comparé l’effet à court terme de l’exercice à charges élevées avec celui de l’exercice à faibles charges (c’est-à-dire les soins standards) sur la fonction autodéclarée, chez les patients ayant des épaules hypermobiles. Pour obtenir une différence cliniquement significative, les auteurs ont émis l’hypothèse que des charges élevées seraient supérieures à une charge faible de 12 %.

 

Méthode

100 patients atteints de troubles du spectre de l’hypermobilité (HSD) (79 femmes, 21 hommes ; âge = 38 ± 13 ans) depuis environ 3 ans ont été répartis au hasard dans un groupe à charges élevées ou à faibles charges pendant 16 semaines. Le groupe à charges élevées a effectué deux séances supervisées et une séance non supervisée (à domicile) par semaine. Le groupe à faibles charges a effectué trois séances non supervisées par semaine. Voir la liste des exercices effectués dans le tableau 1, et la vidéo pour une démonstration de ces exercices.

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Le critère de jugement principal était la fonction autodéclarée de l’épaule, telle que mesurée par le Western Ontario Shoulder Instability Index (WOSI) à la fin des 16 semaines. Les chercheurs ont également évalué une pléthore de critères de jugement secondaires rapportés par les patients (par ex., la douleur, la kinésiophobie, la qualité de vie, l’effet global perçu) et de critères de jugement objectifs secondaires (par exemple, la force isométrique de l’épaule, les amplitudes actives et passives de l’épaule, la proprioception, les tests d’instabilité et de laxité).

Des analyses statistiques en intention de traiter (ITT) et per-protocole (PP) ont été réalisées. Les analyses PP n’incluaient que les participants ayant effectué 67 % ou plus des séances prévues.

 

Résultats

  • Le taux d’abandon était faible, les données post-intervention ont été recueillies chez 93 participants. En termes d’observance, 67 participants ont effectué 67 % ou plus des séances prévues.
  • Comparé au groupe à faibles charges, le groupe à charges élevées a présenté une amélioration supérieure de 8 % de la fonction de l’épaule sur la base de l’analyse en ITT (n = 100, p<0,05) et une amélioration supérieure de 12 % sur la base de l’analyse PP (n = 67, p<0,05).
  • Sur la base des analyses en ITT et PP respectivement, 14 % et 30 % de participants supplémentaires dans le groupe à charges élevées ont présenté des améliorations cliniquement significatives (≥ 12 %) de la fonction de l’épaule.
  • Il y avait peu de différences dans les critères de jugement secondaire. Les patients du groupe à charges élevées étaient moins susceptibles de dépasser 180° de rotation de l’épaule et étaient plus susceptibles de signaler une amélioration importante des symptômes physiques sur la base de l’effet global perçu.
  • Il n’y a eu aucun événement indésirable grave dans les deux groupes, mais le groupe à charges élevées a ressenti plus de douleurs musculaires et de maux de tête.

 

Limites

  • Étant donné que l’intervention à charges élevées incluait la supervision et que ce n’était pas le cas de  l’intervention à faibles charges, il n’est pas possible de séparer l’effet de la charge de l’effet de la supervision.
  • L’un des objectifs de l’intervention « progressive, à charges élevées » était de renforcer. Cependant, il n’y avait pas de différences statistiquement significatives entre les groupes de la force des épaules après les interventions. D’après les méthodes, il n’est pas clair si la surcharge progressive a été effectivement appliquée, ou si les participants ont répété les mêmes charges pendant plusieurs semaines consécutives. Il est possible que les charges élevées n’aient pas été suffisamment élevées pour stimuler les gains de force.
  • Les résultats ont été évalués immédiatement après l’intervention de 16 semaines. Les effets à long terme sur la fonction de l’épaule des exercices à charges élevées ou faibles restent inconnus.

 

Implications cliniques

 

L’hypothèse des auteurs (amélioration de la fonction de l’épaule du groupe charges élevées) a été confirmée sur la base de l’analyse PP, montrant ainsi que l’intervention à charges élevées peut être plus efficace pour les patients les plus observants. Cependant, l’analyse en ITT n’a donné qu’une différence de 8 % en faveur du groupe à charges élevées, une différence statistiquement, mais non cliniquement significative. L’analyse en ITT reflète mieux l’efficacité à laquelle on peut s’attendre dans la pratique clinique réelle.

Il n’y avait pas de différences de force significatives entre les groupes après l’intervention. Cela remet en question le mécanisme sous-jacent des améliorations observées dans la fonction de l’épaule autodéclarée. Il se peut que les impacts psychosociaux de l’exercice supervisé (par ex. l’augmentation de la confiance, de l’efficacité personnelle et du bien-être) jouent un rôle plus important que la réponse physiologique.

L’exercice à charges élevées est sans danger pour les patients atteints de HSD. Néanmoins, les cliniciens doivent soutenir leurs patients d’un point de vue éducatif pour normaliser les douleurs musculaires post-exercice lors de l’utilisation de charges élevées.

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Voici les 11 autres études que nous avons analysées dans notre numéro de septembre qui vient de paraître :

  • Effet de l’étiquetage diagnostique sur la prise en charge de la lombalgie
  • Entraînement en puissance ou en force pour les personnes âgées
  • Rééducation des ischio-jambiers chez les sprinters et les sauteurs
  • Activité musculaire pendant les exercices d’entraînement du pied
  • Réponse inflammatoire aigüe et douleur chronique
  • Traitement de la tendinopathie d’Achille chronique
  • Test de compression à long bras de levier pour les pubalgies
  • Traitement non chirurgical des lésions SLAP
  • Effet de la charge sur différents tissus de l’articulation du genou
  • Examens cliniques de l’instabilité radiographique lombaire
  • Entraînement par restriction du flux sanguin après une plastie du LCA

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